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Marie NOEL
Terrasse d'Avallon (Yonne)
ici avec poète Jacques Marlet et ses fils
Jean et Paul BEAUD
(29 juillet 1951)
Colette et Marie Noël sont nées à dix années d’intervalle et à une cinquantaine de kilomètres l’une de l’autre, la première en 1873 à Saint Sauveur-
A Saint Sauveur-
Abandonnons Colette la Vagabonde et partons dans la poésie de Marie Noël à la découverte des traces de sa jeunesse. Certes il est difficile d’occulter l’étiquette de poète catholique qui lui est restée attachée toute sa vie. Bien sûr elle a longtemps enseigné le catéchisme à la jeunesse auxerroise, mais il me semble avoir deviné, dans la gaité légère de la vieille dame que j’eus souvent le bonheur de rencontrer au début des années 50, que la jeune fille avait en fait trouvé là un espace de liberté qui lui permettait d’échapper longuement à l’enfermement familial. Et la première parution de ses poèmes scandalisa les dames patronnesses ! Ainsi avait-
Quel verbe, si Dieu soit-
le mot d’amour que personne ne m’a dit ? (1)
Mais pour autant, quand elle met Dieu en scène, c’est à l’occasion sur un ton léger, même si son jardin n’est pas l’espace libre des expériences fantaisistes de Sido, d’où la future Colette fuguait à loisir :
Regarde le joli jardin
Que Dieu nous donna ce matin…
Nous l’avons entouré de murs…
Enfermé derrière une porte
Pour que le Vent, cet endiablé…
Quand nous dormions ne nous l’emporte (2)
Si Colette a usé trois maris (et même pire…), Marie Noël a été la femme d’un seul amour contrarié, inabouti, qui a pesé lourdement sur sa vie et dont on retrouve la trace dans toute son œuvre. D’abord, à travers l’émerveillement du premier émoi :
Quand il est entré dans mon logis clos
J’ourlais un drap lourd près de la fenêtre,
L’hiver dans les doigts, l’ombre sur le dos…
Sais-
................................................................
Et je cousais, je cousais, je cousais…
-
Mais les parents de Marie ne voudront pas de cet amour naissant et chasseront le jeune jardinier qui l’ a inspiré. Cette tyrannie patriarcale lui inspirera Le Chant de la Muette, poème de révolte :
La fille avait un amoureux
Qui s’en vint frapper à la porte…
Sitôt le père le vit :
« Cet effronté dit-
Ils on mis l’amoureux dehors.
« Va coucher avec la servante ! » …
La fille est sur le seuil : « Passez-
Plus tard, la fille refuse d’épouser le notaire que veulent lui imposer ses parents puis, ceux-
-
Sous la porte, cherchez ma bouche
Et mon cœur à la place où la chienne se couche.
Vieillards, voici le chandelier,
Regardez bien aux semelles de vos souliers. » (4)
Les années passent, les problèmes ne changent guère. Les malheurs de la jeune Marie Rouget ne sont guère éloignés de ceux que rencontrent encore de nos jours d’autres jeunes filles en butte au poids d’autres traditions. Et de tout cela, que reste-
Tout est passé, la fleur d’avril,
La fleur du temps, la fleur de l’âge,
L’Etoile qui fut de passage
Au ciel fané, qu’en reste-
Premiers vers d’Alléluia, un des derniers poèmes de Marie Noël, daté du 18 avril 1967.
Jac Kallos (juin 2013)
Notes et références.-
(1) Henry Dalby, Marie Noël, poète profane, in Hommage à Marie Noël, Points et Contrepoints, Paris 1954
(2) Chant d’enfant, in Chants des Quatre-
(3) Chanson, in Les Chansons et les Heures, Ed. G. Grès
(4) Chant de la Muette, in Chants des Quatre-
(5) Alléluia, in Chants des Quatre-
( Chronique parue en mai-